La majorité des filles que je fréquente ne passent pas la barre lorsqu’il y a un peu de taille ou dévalorisent verbalement la qualité de leur pratique même quand elles ont un bon niveau. Je pense que j’agis de la même façon. J’ai l’impression qu’on ose moins que les garçons, à niveau égal. J’adorerai qu’on ait plus de représentation sur nos spots de surfeuses qui ne se laissent pas marcher sur les pieds au line up ! Par mimétisme, je pense que ça pousserait les autres à prendre leur place.
Dénia, 28 ans habite en Bretagne, à 10 minutes de l’océan entre Vannes et Lorient. Dentiste, elle écrit sur son temps libre pour le plaisir et vient de sortir son premier roman : Les Vagues de Tamraght. Une histoire qui parle de la découverte du surf, des premières sessions et de la manière dont cette pratique peut changer certaines vies. Rencontre.
Depuis quand est-ce que tu fais du surf ?
Je me suis installée à Quiberon avec mon compagnon il y a quatre ans. Un jour, en me promenant sur la côte sauvage j’ai vu plusieurs surfeurs à l’eau. Je pense que j’ai toujours eu un grand intérêt pour ce sport mais personne ne le pratiquait dans ma famille. J’habitais à Rennes, les spots les plus proches étaient à 45 minutes: l’accès n’était pas évident pour une ado. Je m’étais rabattue sur le skate durant mes années de lycée. C’est donc en arrivant à Quiberon que j’ai commencé le surf.
Au début de ma pratique, j’allais à l’eau avec ma planche en mousse en autodidacte, puis un an après j’ai pris des cours à l’ESB de Plouharnel. C’est en compagnie des professeurs que j’ai commencé à vraiment progresser.
Le surf pour lâcher prise
A quel endroit de la planète sont la plupart de tes sessions ?
On a la chance d’avoir des spots de surf exceptionnels en Bretagne, mais il ne faut pas trop le dire! La plage de Sainte Barbe, à Plouharnel, est à dix minutes en voiture de chez moi, et vingt minutes à vélo. J’y passe la majorité de mes sessions. C’est une grande plage qui s’étend sur plusieurs kilomètres, les vagues sont assez molles donc ce spot est intéressant pour des débutants. Il y a plein d’autres spots dans le coin, qui fonctionne dans certaines conditions, ou qui sont moins connus car plus éloignés des villages touristiques mais je ne vais pas les nommer parce que c’est très bien comme ça.
En dehors du Morbihan, j’adore surfer dans le Finistère, notamment vers la Torche ou dans le secteur de la baie des trépassés. Je fais de temps en temps un petit tour au Dossen, dans le finistère nord, parce que le spot est magnifique: dès qu’il y a un peu de soleil on se retrouve face à une plage de sable blanc et une eau turquoise, c’est magnifique. Les vagues y sont abordables pour des débutants.
Qu'est-ce que t'apporte cette pratique ?
Le surf, comme pour beaucoup de personnes, m’apporte un sentiment de liberté et de lâcher-prise. Il me permet de me connecter aux éléments alentours: l’océan, la sensation du soleil sur la peau en été, la beauté de la nature et du bord de mer en regardant autour de soi… Lorsque je suis dans l’eau, les soucis du quotidien s’effacent instantanément, il n’y a plus que le moment présent et le plaisir de surfer. Il faut être concentrée pour avoir le bon timing par rapport à la vague, être bien placée, bien réaliser son take-off, réfléchir à ce qu’on va entreprendre une fois qu’on est debout sur la vague… Toutes ces choses nous connectent à l’instant présent et à nos sensations.
Plus de représentation au line up
Quel est ta vision du surf féminin ?
Je trouve que le surf féminin se développe petit à petit, il y a un peu plus de visibilité pour les surfeuses professionnelles, ce qui était sans doute moins le cas il y a encore dix ans. Cependant, dans la vie de tous les jours, la place de la femme au line up reste encore sous-représentée. La majorité des filles que je fréquente ne passent pas la barre lorsqu’il y a un peu de taille ou dévalorisent verbalement la qualité de leur pratique même quand elles ont un bon niveau. Je pense que j’agis de la même façon. J’ai l’impression qu’on ose moins que les garçons, à niveau égal. J’adorerai qu’on ait plus de représentation sur nos spots de surfeuses qui ne se laissent pas marcher sur les pieds au line up ! Par mimétisme, je pense que ça pousserait les autres à prendre leur place.
Est-ce que tu préfères surfer seule ou en bande ?
Je pense que c’est important d’être autonome dans sa pratique et de pouvoir aller surfer seule quand il y a des conditions sympas et que les amis ne sont pas disponibles, mais je trouve qu’on s’amuse plus lors des sessions à plusieurs.
Tu as récemment écrit un livre : pourquoi ce récit ? Qu'est-ce qui te l'a inspiré ?
J’ai commencé à écrire à l’âge de six ans, principalement des histoires courtes que mes amis et mes frères lisaient. Je dessine beaucoup depuis toute petite donc les livres étaient sous forme de bande dessinée. Mon premier manuscrit long (une centaine de pages) a été écrit à l’âge de dix ans.
Puis il y a eu une longue période de pause, mes centres d’intérêt ont changé à l’adolescence donc j’ai arrêté l’écriture mais j’ai continué à lire énormément.
Lorsque j’ai déménagé de Rennes et que je me suis installée dans le Morbihan j’ai repris l’écriture. C’était juste après le premier confinement. Je suis tombée sur une vidéo youtube d’Anaïs Paola (pseudo) qui s’était retrouvée confinée au Maroc. En parallèle, j’ai commencé le surf donc l’idée est venue de raconter l’histoire d’une étudiante confinée au Maroc dans un surfcamp et qui découvre progressivement ce sport ainsi que le pays et la culture marocaine. J’ai souhaité partager cette histoire avec d’autres surfeurs débutant dans cette discipline, tout comme moi, car j’ai imaginé qu’ils pourraient se reconnaître dans le parcours du personnage principal.
Un deuxième roman en préparation
Est-ce que tu aimerais en écrire d'autres ?
Je suis entrain d’écrire un deuxième roman qui s’adressera cette fois à des adultes. L’histoire se déroulera en Bretagne, il y aura toujours le surf en trame de fond. J’espère que j’arriverai à aller au bout de ce deuxième projet.
Quels sont tes projets dans les mois à venir ? D'ailleurs, tu pars à Imsouane, pourquoi ce voyage ?
Comme beaucoup de surfeuses, la majorité de mes vacances sont orientées surf. Je suis allée au Brésil, aux Canaries, au Maroc… L’hiver dernier, je me suis rendue à Tamraght durant 2 semaines. J’ai aimé la gentillesse et le partage des marocains, je suis encore en contact régulier avec plusieurs d’entre eux. J’ai aimé la consistance des vagues, le soleil omniprésent, les paysages désertiques à perte de vue, la gastronomie… Durant ce premier trip, on a passé une journée à Imsouane et j’ai trouvé les vagues parfaites. Par chance, il n’y avait pas trop de monde. Le village a beaucoup de charme avec toutes les petites maisons de pêcheur face à la mer ce qui a ajouté de l’authenticité au tableau.
Cet hiver, j’ai souhaité de nouveau fuir l’hiver breton en m'octroyant une semaine au soleil et le Maroc m’a semblée être une évidence. Depuis un moment, je souhaite essayer le longboard car plusieurs amies me parlent de leur expérience sur ces planches. Imsouane m’a parue être la destination parfaite. J’ai réservé au mois de novembre pour février. En janvier, Imsouane a connu un drame. Toutes les petites maisons de pêcheur proche de la mer ont été rasées par des bulldozers en quarante-huit heures. Les habitants ont dû quitter les lieux très rapidement. L’ambiance d’Imsouane est changé lorsqu’on y revient. Il reste les touristes, les vagues et les hôtels, mais plus l’authenticité du village de pêcheur. Ce qui reste authentique, c’est la beauté de la nature et des falaises qui encerclent Magic Bay et la gentillesse des habitants qui vivent pour la plupart du tourisme.
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